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Discussions politiques versus manifestations de rues

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Poursuite des rencontres du chef de l'Etat avec des partis et groupements politiques en vue du dénouement de la crise. Il a de nouveau eu des discussions jeudi avec 4 entités de l'opposition (Fusion, Kontrapèpla, Inite, Ayisyen pou Ayiti) et des représentants du groupe des 22 partis politiques dont fait partie le candidat déclaréà la présidence Jean Henry Céant.

- M.Martelly devait s'asseoir par la suite avec des dirigeants de l'Organisation du Peuple en Lutte (OPL).

- La Plateforme « Pitit Dessalines » qui compte dans ses rangs le sénateur Jean Charles Moise, n'a pas répondu à l'invitation du chef de l'Etat. Un des membres de cette entité, Assad Volcy (OTAN), informe que celle-ci n'entend pas discuter avec M. Martelly. Il critique la lettre d'invitation qui s'apparente, selon lui, à une convocation.

- Le sénateur de l'Ouest John Joseph ne voit pas d'un bon œil ces nouvelles consultations politiques ouvertes par le chef de l'Etat au moment où la rue continue d'exiger sa démission.

- Le député Abel Descollines (Mirebalais/Boucan Carré) n'est pas de cet avis : il encourage M. Martelly à poursuivre sur la voie du dialogue.

- Dans le même temps, les manifestations de rues se poursuivent.

Nouvelle manifestation de plusieurs milliers de personnes jeudi à Port-au-Prince contre le pouvoir Tèt Kale. Les manifestants qui se sont rendus à Pétion Ville ont essuyé des jets de pierres en différents points du parcours. Arrivés à proximité du Palais national, ils ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes par la police. [RK]

Nouvelle manifestation de plusieurs milliers de personnes hier à Port-au-Prince contre le pouvoir :

La Plateforme « Pitit Dessalines » informe qu'elle n'entend pas discuter avec M. Martelly :


Traditionnelle cérémonie d'échange de vœux au Palais national

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Le président Michel Joseph Martelly a reçu jeudi au Palais National les membres des grands corps de l'Etat et du corps diplomatique, à l'occasion de la traditionnelle cérémonie officielle de présentation de vœux.

Accompagné de son épouse, Mme Sophia St-Rémy Martelly, en présence du Premier ministre démissionnaire, du Président du Sénat, du Président de la Chambre des députés, du Président du CSPJ, des membres du CEP, du Doyen a.i. du corps diplomatique et consulaire et des autres grands commis de l'Etat, le Chef de l'Etat s'est engagéà poursuivre sans relâche, durant l'année 2015, les « efforts entrepris depuis son accession au pouvoir en vue d'une Haïti démocratique, prospère, fière et digne. »

Il a réitéré sa volonté d'ouvrer au renforcement des relations entre Haïti et ses partenaires internationaux, soulignant « le rôle joué par son Administration dans le rapprochement historique entre les Etats-Unis et Cuba. »« Je me réjouis des bonnes relations développées notamment avec les pays membres de la CARICOM, les pays de l'Amérique du Nord, de l'Amérique latine, de l'Europe, les traditionnels pays amis de l'Asie et les pays africains avec lesquels Haïti a des liens historiques particuliers, sans oublier les Institutions internationales dont nous sommes membres. Je profite de cette occasion pour saluer la décision historique du Président des Etats-Unis d'Amérique et du Président de Cuba, de renouer des relations diplomatiques, après un demi siècle de rupture. Haïti s'enorgueillit d'avoir pu jouer, ne serait-ce que minime, un rôle dans le rapprochement de ces deux peuples amis. »

De son côté, le Doyen a.i. du Corps diplomatique, l'ambassadeur Venezuelien Pedro Antonio Canino Gonzalez, a salué« les efforts de l'Administration Martelly afin de maintenir le pays sur la voie du progrès. » Il a aussi salué« les démarches entreprises par l'Exécutif haïtien pour trouver un compromis permettant d'organiser les prochaines élections. »

« Le Président de la République renouvelle, une fois de plus, sa détermination à continuer àœuvrer pour le bien-être des Haïtiens et à préserver un climat de stabilité constante dans le pays. » [Bureau de communication de la Présidence]

Mise en garde du RNDDH contre l'intégration irrégulière de « 38 proches du pouvoir » au sein de l'institution policière

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Port-au-Prince, le 17 décembre 2014

Monsieur Godson ORELUS
Directeur Général
Police Nationale d'Haïti (PNH)
En ses bureaux.-

Lettre Ouverte

Monsieur le Directeur Général,

Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) s'empresse d'attirer votre plus sérieuse attention sur une situation qui risque de saper les efforts de professionnalisation consentis par la Police Nationale d'Haïti (PNH), et d'amenuiser encore plus la confiance de la population dans l'institution que vous dirigez.

Monsieur le Directeur Général,

Le RNDDH a appris que trente-huit (38) individus, pistonnés par le Palais National, sont sur le point d'intégrer la vingt-cinquième (25ème) promotion de la PNH. Ils se retrouvent aujourd'hui à l'Ecole Nationale de Police (ENP) où ils ont été irrégulièrement admis à suivre la formation devant leur permettre d'intégrer l'institution policière.

Le RNDDH estime judicieux de vous informer que ces individus sont en fait des proches du pouvoir qui s'étaient rendus en Equateur prendre part, pendant deux (2) mois, à une formation sur le thème de la Sécurité Rapprochée. A leur retour, le contexte sociopolitique d'alors et la vigilance citoyenne n'ont pas permis au Palais National de les caser. Alors, leurs noms ont tout simplement été inscrits sur une liste préparée par le Palais National et acheminée au Service de Recrutement Permanent de la Police Nationale d'Haïti.

Ces aspirants policiers ne se sont donc inscrits dans aucun des seize (16) bureaux d'inscription de la PNH. De plus, étant pistonnés, ces aspirants policiers n'ont pas franchi les étapes obligatoires avant d'être habilités à suivre la formation proprement dite à l'Ecole Nationale de Police (ENP), pour devenir agents de la PNH. Ils n'ont pas subi le test intellectuel ni les épreuves physiques, ils n'ont pas réalisé les entrevues ni n'ont été auscultés. Ils n'ont pas non plus été soumis à l'enquête de moralité.

Selon les informations fournies au RNDDH, plusieurs d'entre eux présentent de grandes difficultés de lecture et d'écriture. Et, se sachant pistonnés, certains d'entre eux ont affiché, tout au long de leur formation, un comportement irrévérencieux à l'égard de leurs moniteurs. D'ailleurs, n'avait-ce été l'intervention des autorités gouvernementales, certains de ces trente-huit (38) aspirants policiers auraient déjàété renvoyés de l'Ecole Nationale de Formation (ENF) pour rébellion, indiscipline et désobéissance.

Monsieur le Directeur Général,

La Directive Générale No 62 de la Police Nationale d'Haïti, du 30 novembre 1999 relative à la mise en œuvre d'une procédure de recrutement permanent d'agents de police (premier degré, présélection) au niveau des Directions Départementales de la Police Nationale d'Haïti, précise clairement en son article 2.1 les conditions à remplir pour faire acte de candidature. Parmi ces conditions se retrouvent celles qui suivent :

• Etre de nationalité haïtienne et n'avoir jamais renoncéà sa nationalité,
• N'avoir jamais été condamnéà une peine afflictive ou infamante
• Etre âgé d'au moins 18 ans et de 30 ans au plus, au moment de l'inscription
• Ne pas être titulaire d'une pension de retraite ;
• Avoir sa résidence sur le territoire de la République d'Haïti
• Présenter les aptitudes intellectuelles, physiques et morales exigées pour l'exercice de la fonction d'agent de police
• Avoir réussi au moins la quatrième (Brevet fondamental) dans un établissement secondaire reconnu par le Ministère de l'Education Nationale
• Jouir de ses droits civiques
• Avoir, sous toise, une taille d'au moins 1,67 m pour les hommes et 1,60 m pour les femmes.

Or, selon les informations que détient le RNDDH, seuls six (6) de ces aspirants policiers, âgés de vingt-six (26) à trente (30) ans, ont l'âge requis par la Loi. Il s'agit de :

1. Pierre Richard PIERRE
2. Randolph BAZILE
3. Marc Gregor GERMAIN
4. Philippe TANIS
5. Irmeline AUGUSTIN
6. Jean David PIERRE NOËL.

Les trente-deux (32) autres aspirants policiers restants sont âgés de trente et un (31) ans à quarante-cinq (45) ans. Il s'agit de :

1. James DAMUSCAR
2. Briere JEANTY
3. Jean Marie MERILIEN
4. Jean Patrick MAITRE
5. Jean Gusma BONHOMME
6. Kenol LAGUERRE
7. Luckner POLISMON
8. Jean Albert CARRIET
9. Mario BELOTTE
10. Frantz BEJAMIN
11. Yvenor MASSENA
12. Vladimir JEAN-LOUIS
13. Peterson DAVIS
14. Roosevelt MILFORT
15. Michael VILMENEY
16. Roberto PETIT FRERE
17. Jean Lones CADESTY
18. Gina SYLVESTRE
19. Enock PARAISON
20. Marie Suxe JN JACQUE EXUME
21. Serge King ALIX
22. Claudy Junior MENARD
23. Sincha MONTFLEURY
24. Guy Marie JEAN GILLES
25. Christophrson LYSIUS
26. Jean Philippe PETIT FRERE
27. Ernst GERMAIN
28. Michel Eddy THIMOTE
29. Loukely FRANÇOIS
30. Elmile MOTEZI
31. Max Herby PÉROU
32. Makentosh MARCELUS

Monsieur le Directeur Général,

La PNH étant la première institution à donner l'exemple du respect des Règles de droit, elle se doit d'être prudente quant à l'intégration d'individus dans ses rangs. En effet, comment porter un citoyen à respecter la Loi et les Règles établies si l'institution chargée de "prévenir les infractions et de rechercher activement les auteurs pour les traduire devant les juridictions compétentes", n'arrive même pas à respecter ses propres règles ?

Monsieur le Directeur Général,

Point n'est besoin de vous rappeler que la PNH est une institution apolitique. Or, ces trente-huit (38) aspirants policiers risquent de faire glisser l'institution vers sa politisation, ce qui constituera une menace pour le respect des droits humains et l'établissement d'un Etat de droit démocratique en Haïti.

Conséquemment, les incidences d'actes irréfléchis sur le fonctionnement de l'institution policière, comme l'intégration de ces trente-huit (38) aspirants policiers, peuvent être énormes.

C'est pourquoi le RNDDH juge qu'il est urgent de stopper cette dérive et de prendre les mesures drastiques qui s'imposent pour interdire l'intégration de ces trente-huit (38) aspirants policiers dans la vingt-cinquième promotion de la PNH.

Comptant sur votre prompte intervention dans le cadre de ce dossier, le RNDDH vous transmet, Monsieur le Directeur Général, ses distinguées salutations.

Pierre ESPERANCE
Directeur Exécutif

Les frères Florestal finalement libérés

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Libération vendredi après-midi des frères Enol et Josué Florestal suite aux protestations de militants des droits humains, de dirigeants et de militants politiques face aux tergiversations de l'Administration Pénitentiaire Nationale (APENA) concernant l'exécution de l'arrêt pris en faveur des deux frères par la Cour d'Appel.

L'arrestation des frères Florestal s'inscrivait dans le cadre d'un dossier politique, Enol Florestal ayant étéécroué sous le fallacieux prétexte d'avoir participé avec l'opposant André Michel au meurtre perpétré sur la personne de son beau-frère, Frantzy Duverseau, le 18 octobre 2010 à Port-au-Prince, alors qu'en réalité il était persécuté pour avoir porté plainte pour corruption contre la famille présidentielle. [RK]

Vers la publication des noms des « premier ministrables »

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« Mes conseillers politiques et moi travaillons sans relâche afin de rendre publics d'ici lundi prochain les noms de 3 ou 5 personnalités qui pourraient assumer le poste de premier ministre, si les partis politques approuvent leur choix”, a déclaré jeudi le chef de l'Etat, Michel Martelly, en marge d'une visite d'évaluation des travaux de réhabilitation du wharf de l'APN à Port-au-Prince fortement affecté lors du séisme du 12 janvier 2010.

- Les rencontres organisées par le chef de l'Etat autour de la crise font encore l'objet de commentaires divers au parlement. Les avis sont partagés sur l'utilité des nouvelles consultations et l'urgence d'aboutir à une solution avant la date-butoir du 12 janvier 2015 à partir de laquelle la crise institutionnelle devrait s'installer.

- Des organisations de l'opposition ont annoncé vendredi une nouvelle série de manifestations anti-gouvernementales et en ont présenté d'ores et déjà les parcours.

- Un groupe d'organisations populaires a donné vendredi mandat au député de Delmas/Tabarre, Arnel Bélizaire, pour qu'il soit leur porte-parole concernant la constitution du prochain gouvernement.

- La présence du conseiller présidentiel Youri Latortue lors du lancement de cette nouvelle entité a été mal accueillie par certains militants. L'ancien sénateur de l'Artibonite, a pu toutefois défendre la thèse de la recherche d'un compromis et souhaité qu'il arrive le plus vite que posible.

- Rosemond Jean de la CONOSAVIC et de « Repons Peyizan » prend à partie les conseillers présidentiels Joseph Lambert et Youri Latortue en ce qui concerne le rapport de la commission consultative présidentielle.

Sur un autre plan, Rosemond Jean impute à Lavalas le projet de vouloir éliminer les supporters de Tèt Kale et ceux qui avaient participé au renversement d'Aristide en 2004. De ce fait, Rosemond Jean appelle les militaires démobilisés à se préparer à faire face à Lavalas.

- Abondant dans le même sens et parodiant l'appellation de « Table de concertation » des partis et groupements de l'opposition, le coordonnateur de « Repons Peyizan », Fednel Monchéry, annonce la formation d'une « Table de résistance contre Lavalas. »

Il appelle par ailleurs le chef de l'Etat à accélérer les négociations afin d'aboutir au plus vite au choix du successeur de M. Laurent Lamothe et à la formation du nouveau gouvernement. [RK]

Nomination unilatérale du Dr Florence Duperval Guillaume au poste de Premier Ministre A.I.

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Le Président Michel Martelly contre toute attente a nommé la ministre de la Santé démissionnaire, Dr Florence Duperval Guillaume, Première Ministre Intérimaire en application de l'article 165 de la Constitution amendée mais contestée en remplacement de Laurent Lamothe, forcé de démissionner la semaine dernière en raison de la crise politique aiguë que traverse le pays. Cependant, cette décision du Président Martelly est en net décalage avec sa dernière déclaration, vendredi dernier, où il s'était engagéà présenter aux protagonistes de la crise (Parlement et Partis Politiques) une courte liste de 3 ou de 5 “premier ministrables” dans une liste de 12 personnalités que la Présidence avait fait circuler au cours de la semaine.

Dans une interview à Radio Kiskeya ce dimanche 21 décembre 2014 en mi-journée, le porte-parole de la Présidence, Lucien Jura, a nié que cette décision met fin pratiquement aux tentatives amorcées cette semaine avec l'Opposition afin de trouver une sortie de crise qui aurait dû aboutir à la nomination d'un premier ministre de consensus.

Par ailleurs, le Conseil Électoral Provisoire vient de démissionner en bloc dans le cadre de l'application des recommendations de la commission consultative présidentielle.

ARCHIVES : Dr Florence Duperval Guillaume lors du lancement d'un programme pour les infirmières en janvier 2014 :

Le nécessaire triomphe de la justice sur les « bandits légaux » (1 de 2)

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L'émission Ranmase de Radio Caraïbes du samedi 11 octobre 2014 offrait un excellent miroir des courants qui s'affrontent sur la scène politique et des postures respectives des protagonistes. Pour mémoire, les participants à cette émission étaient le porte-parole de la présidence Lucien Jura, le journaliste Daly Valet, le sénateur Francky Exius, l'ancien maire Evans Paul et le coordonnateur de l'Organisation du peuple en Lutte (OPL) Sauveur Pierre Étienne. Comme les noms l'indiquent, on est en présence d'une mosaïque éclatée, avec tous les découpages possibles. Une vraie galaxie avec des étoiles de tailles différentes dans l'orbite des BAMBAM(1), sigle formé de la première lettre du nom des douze richissimes familles du pays.

Vrais maîtres du jeu politique, ces familles ont été présentées par l'ambassadeur américain en Haïti en 1994 comme la couronne d'une élite moralement répugnante ou MRE (morally repugnant elite)(2). L'absence délibérée de cet arrière-plan économique dans les discussions politiques est plus significative que les lumières que renvoient les étoiles présentes à l'émission Ranmase. De toute façon, ces lumières ne sont pas toutes de la même puissance et certaines en ont même éclipsé d'autres. L'animateur Jean Monard Métellus a eu tout le mal du monde pour faire le point sur diverses stratégies concurrentes mais non exclusives dans la recherche d'une solution à la crise aigue qu'Haïti traverse. Dans le rêve commun de changer les choses et de sauver Haïti de la perdition dans laquelle elle baigne, la présence d'un bandit légal au sommet de l'État devient de plus en plus obsédante.

Les relances et les échos ne cessent depuis avec des arrêts sur image tels que l'échec de la rencontre d'El Rancho soutenu par l'OPL et la présidence d'une part et la mouvance populaire et démocratique demandant la démission du gouvernement d'autre part. En clair, les positions s'entrechoquent. Les propositions hétéroclites de sortie de crise s'amalgament. Depuis 1986, la déduvaliérisation n'a pas eu lieu et la classe politique a remis ses pas dans ceux du duvaliérisme.

Pour que l'après ne soit plus comme l'avant

L'ancien maire Evans Paul n'a pas mâché ses mots en la circonstance. Il a refusé de « faire avec » la rencontre d'El Rancho. Vieux militant des luttes démocratiques qui a sauvé sa peau de justesse à plusieurs reprises, Evans Paul est le symbole vivant d'une expérience radicale tempérée par un pragmatisme collé aux idées de changement. Un pragmatisme à la John Dewey, c'est-à-dire dans le sens que ce philosophe américain donne à ce terme. S'écartant de l'acception vulgaire, Dewey définit le pragmatisme comme la participation directe des citoyens à la gestion de la cité. Et c'est justement au nom de ce pragmatisme militant et radical qu'à la manière de Monsieur Jourdain, Evans Paul affirme la nécessité d'aller aux sources de la crise. Refusant tout vœu d'allégeance, il déclare :

« Nous en sommes conscients, si le président Martelly a jugé bon de rencontrer des entités de la société sur la problématique des élections et la conjoncture en général, c'est bien la preuve de l'échec de El Rancho et si je fais semblant de ne rien comprendre pour continuer à faire croire à tout le monde que l'accord est toujours en vie, alors là le problème n'est pas l'accord mais plutôt moi qui serais fou pour ne pas reconnaitre cette évidence. »

Avec un sens de la responsabilité opposé au flou de tout laloze et des contorsions visant à camoufler la vérité, Evans Paul s'interroge sur la césure fondamentale entre ceux qui veulent casser le moule produisant des gouvernements fantoches et ceux qui veulent conserver le moule en changeant simplement les dirigeants du pays. Le reformatage des esprits exige une rupture avec l'impunité. La norme de pensée qui oblige les Haïtiens à accepter de dialoguer avec des assassins et des voleurs a fait son temps. Il faut changer en invitant le peuple à manifester contre l'ordre cannibale. Pour empêcher que l'après ne soit plus comme l'avant, le dispositif combinant toutes les formes de luttes doit être de rigueur. On pense à Che Guevara écrivant dans la dédicace de son ouvrage Guerre de guérillas : «À Salvador Allende, qui, par d'autres moyens, poursuit les mêmes objectifs ».Ça vole haut !

Il n'y a pas à faire de distinction entre l'opposition radicale « zoblod » et l'opposition « modérée ». Il faut plutôt dire que c'est un même combat avec des armes différentes. En effet comme le souligne Radio Caraïbes :

« Evans Paul, encore lui, a surpris une fois de plus l'auditoire et les autres panélistes en prenant en partie le contrepied de l'argumentaire de son collègue Pierre Etienne qui voulait l'associer dans une opposition modérée face à une opposition jusqu'au-boutiste (zoblod) : "N'en déplaise à mon ami de l'OPL, il n'y a pas d'opposition modérée, encore moins une opposition zoblod ; il y a juste une opposition plurielle. On ne peut pas leur tirer dessus (l'autre opposition et les 6 sénateurs) puisque la solution devra être trouvée avec eux", a commenté sagement Evans Paul (3). »

Faire triompher la justice

Les tourments sont multiples. Loin d'être imaginaires, ils sont ancrés dans une conception absolutiste du pouvoir qui encourage le président de la République à violer la Constitution et à faire à sa guise. Un cas d'espèce encore d'actualité est celui de l'implication de la première dame Sophia St Rémy Martelly et de son fils Olivier Martelly dans l'affaire de corruption dénoncée par le citoyen Enold Florestal le 16 août 2012. En violation flagrante du droit, l'épouse du président et son fils gèrent des centaines de millions de dollars de fonds publics et signent des contrats avec des compagnies proches de la famille présidentielle. Le magistrat Jean Serge Joseph qui mène l'enquête convoque les personnalités impliquées à comparaitre. Alors les choses se compliquent pour le magistrat. Il est invitéà une première réunion au bureau de Maitre Garry Lissade, ancien Ministre de la justice et de la Sécurité Publique. Au cours de cette rencontre, selon Maitre Samuel Madistin, « il a été rapporté au magistrat que le président de la République était tellement vexé et surpris qu'un juge puisse prendre en Haïti une telle décision dans une affaire mettant en cause la famille présidentielle qu'il a du consommer de la drogue pour se calmer (4) ».

Suite à une deuxième rencontre à laquelle assistaient le président de la République, le premier ministre et le ministre de la justice, le juge Jean Serge Joseph meurt le 13 juillet 2013 d'un accident vasculaire cérébral (AVC). Mme Alice A. Montero, greffière en chef de la Cour de Cassation, est morte aussi d'un AVC le 1er décembre 2004, « après un interrogatoire musclé des agents de la Direction Centrale de la Police judiciaire sur la disparition présumée de certaines pièces du dossier Jean Dominique (5) » assassiné en 2000. Entretemps, Enold Florestal qui a dénoncé les activités de corruption de la famille présidentielle est arrêté et emprisonné. La déclaration de Maitre Samuel Madistin a tout son poids car ce dernier est avocat au Barreau de Port-au-Prince et ancien sénateur de la République. Il a consigné sa déposition au Parquet près le tribunal de Première instance de Port-au-Prince dans une correspondance adressée le 14 juillet 2013 au Commissaire du gouvernement. Cette correspondance de Maitre Samuel Madistin a été acheminée par Maitre Mario Joseph du Bureau des Avocats Internationaux à la Commission Interaméricaine des Droits Humains (CIDH)(6).

Le Sénat haïtien mène une enquête et conclut en recommandant que :
« La Chambre des députés prenne toutes les dispositions que de droit aux fins de :
a) Constater l'immixtion du chef de l'Etat, du premier Ministre et du Ministre de la justice dans l'exercice souverain du pouvoir judiciaire aux fins d'obtenir que des décisions de justice soient prises en leur faveur.
b) Déclarer le caractère parjure de ces autorités du pouvoir exécutif qui ont tous nié leur participation à la réunion du 11 juillet 2013 alors que l'enquête confirme leur participation effective à ladite rencontre.
c) Constater la trahison du chef de l'Etat qui avait juré de faire respecter la Constitution et les lois de la République
d) Mettre en accusation le chef de l'Etat pour crime de haute trahison (7). »

Le trauma de la mort du juge Jean Serge Joseph est resté dans les mémoires. Les juges de la Cour d'Appel viennent de rendre leur verdict le 15 décembre 2014 et ont confirmé la décision du juge Jean Serge Joseph de faire comparaitre au tribunal les membres de la famille présidentielle impliquées ainsi que d'autres personnalités politiques. L'amnésie a été vaincue autant par la perspicacité des frères Florestal que par celle de leurs avocats André Michel et Newton St. Juste, qui ont fait échec à toute « récupération ». En effet,
« Rentré de Washington en toute urgence, rappelé selon ses dires par le gouvernement, Monsieur Léon Charles rencontre Monsieur Enold Florestal le mercredi 10 Juillet 2013, et lui propose d'abandonner la poursuite, de laisser tomber l'affaire, de retirer sa plainte contre la famille présidentielle. Monsieur Florestal refuse. Devant son refus, Monsieur Charles fait monter les enchères et appelle au téléphone le premier ministre Monsieur Laurent Lamothe. Celui-ci entretient Monsieur Florestal pendant quelques minutes. Il lui propose en outre un poste à l'extérieur du pays et de l'argent pour qu'il se décide à abandonner la poursuite initiée contre la famille du président (8). »
(à suivre)

(1) Tracy Wilkinson, « Haiti's elite hold nation's future in their hands », Los Angeles Times, January 21, 2010. Lire aussi Pascal Robert, « The Intersection of American Imperialism and Haitian Cabana Boy Politics », Breaking Brown, October 9, 2013. Lire enfin Adrienne Pine, « Foosball with the Devil : Haiti, Honduras, and Democracy in the Neoliberal Era », Upside Down World, 31 May 2010.
(2) Kenneth Freed, « MREs Falling Hardest in New Haiti : Caribbean : Morally Repugnant Elite are paying for their loyalty to deposed regime with money, homes and freedom », Los Angeles Times, October 22, 1994. Lire également Ann Leslie, Killing My Own Snakes : A Memoir, Macmillan, 2008, p. 211.
(3) Jean Monard Métellus, « Je ne suis pas assez fou pour continuer à vendre un accord El Rancho longtemps mort », Radio Télévision Caraïbes, 13 octobre 2014.
(4) Samuel Madistin, Correspondance au Commissaire du gouvernement près le tribunal de Première instance de Port-au-Prince, 14 juillet 2013.
(5) « Affaire Jean Dominique, les dates, les gens et les faits connus », Le Nouvelliste, 20 janvier 2014.
(6) Mario Joseph, « Correspondance adressée à M. Jose de Jesus Orosca Henriquez », Président de la Commission Interaméricaine des Droits Humains (CIDH), 5 août 2013.
(7) Rapport final de la Commission spéciale d'Enquête du Sénat, 2013, p. 27.
(8) Ibid., p. 5.

Le Nécessaire Triomphe de La Justice - 1ère Partie

Le nécessaire triomphe de la justice sur les « bandits légaux » (2 de 2)

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Nourri dans le sérail du duvaliérisme et de l'organisation terroriste FRAPH, le président Martelly ne peut en aucun cas être un rédempteur. C'est déjà une honte qu'il ait été imposé par la communauté internationale à travers les élections frauduleuses de novembre 2010 et soit resté au pouvoir depuis le 14 mai 2011. Comme l'écrit le linguiste Hugues Saint-Fort, « Ayant étéélu président, sans comprendre qu'il était devenu le chef de l'état, il (Martelly) s'est complu à avilir la fonction présidentielle elle-même en poursuivant ses obscénités révoltantes, ses prises de parole ordurières et son comportement détestable. Pour lui, il s'agissait de régler ses comptes avec ses ennemis en leur disant à peu près ceci : "Votre présidence, voilà ce que j'en fais, c'est de la … et vous ne pouvez rien faire contre moi !" Jamais, on n'a été aussi loin dans la dégradation délibérée de la fonction présidentielle ou même de l'état haïtien ! (1) »

L'écrivain Gary Victor a déjà montré dans Les amours d'un zombi portéà l'écran par le cinéaste Arnold Antonin en 2011 comment des politiciens ont exploité la popularité d'un zombi pour en faire un président d'Haïti. Le fait que certains Haïtiens ne manifestent aucun embarras ni gêne devant la présidence de Michel Martelly indique bien que l'auteur avait vu juste. Notre monde de folie et de dépossession de soi a intégré celui de « l'esthétisation de la dégradation (2) ». On en revient à l'époque d'Antoine Simon qui se promenait avec son bouc cabrit Simalo devant lequel tout le monde se prosternait. On discutera pendant des années que des Haïtiens aient pu en leur âme et conscience trouver en Michel Martelly un interlocuteur valable et honorable.

En devenant réalité, le rêve mégalomaniaque de Martelly n'a toutefois pas fait de tous les Haïtiens des zombis prêts à se courber devant une telle présidence décadente. À côté des protestations contre les inadmissibles violations des droits de l'homme en Haïti, il importe de souligner la prise de distance de l'écrivain Anthony Phelps devant une telle calamité. En lieu et place de la redynamisation, une fois de plus c'est la honte nationale, la dégringolade avec Martelly : « Nous n'avons plus de bouche pour parler nous portons les malheurs du monde […] Ô mon pays si triste est la saison qu'il est venu le temps de se parler par signe. » Refusant toute compromission avec un gouvernement qui ouvre les bras au dictateur Jean-Claude Duvalier, l'auteur de « Mon pays que voici » a répondu NON MERCI (3) à Martelly qui voulait lui décerner un prix. Quel courage ! Quel exemple à la jeunesse de ne pas entretenir des relations privilégiées avec la racaille !

Opposer un refus net au Kase fèy kouvri sa

Aujourd'hui, la toile d'araignée des forces démocratiques et populaires se tisse. L'appareil de revendications populaires se met en branle contre le pouvoir Tèt Kale. Aucun dialogue n'est possible entre le bourreau et la victime. Le bourreau doit simplement dégager ou crever. La vénération pour la présidence conduit certaines personnes à pratiquer le Kase fèy kouvri sa perpétrant complicités et accointances avec les assassins, les trafiquants de drogue et les bandits. Comme l'écrit le linguiste Robert Berrouèt-Oriol, « Kase fèy kouvri sa », une fois de plus, une fois de trop, comme pour ancrer davantage cette toxique sous-culture de l'impunité au nom de l'évangile papadocoquin d'une soi-disant « réconciliation nationale » allergique à l'idée même de la justice et dont « ON » voudrait allègrement s'accommoder…(4) » On ne saurait mener une politique timorée ou incertaine face aux bandits légaux. Les démocrates se doivent de refuser toute passivité et toute inertie devant les kidnappeurs, les trafiquants de drogue et les forces du mal.

La mise en scène des discours, par-delà la subtilité des silences et des mots, a transmis la plénitude du vide. On ne peut pas continuer àétreindre la gabegie des Tèt Kale. Ce sont des trafiquants qui ont altéré la Constitution pour perpétrer et perpétuer leurs forfaits. En effet, ils ont amendé frauduleusement l'article 165 qui disait : « En cas de démission du Premier Ministre, le Gouvernement reste en place jusqu'à la nomination de son successeur pour expédier les affaires courantes. » Le 19 juin 2012, ils y ont introduit le nouveau paragraphe suivant : « En cas d'incapacité permanente dûment constatée du Premier Ministre ou de son retrait du poste pour raisons personnelles, le Président choisit un Premier Ministre intérimaire parmi les membres du cabinet ministériel en attendant la formation d'un nouveau Gouvernement dans un délai ne dépassant pas trente jours » (5).

Revoir la politique des BAMBAM

La crise qui terrasse Haïti mérite d'être décodée avec les outils que propose l'américain James Ridgeway dans son ouvrage The Haïti Files — Decoding the Crisis (6). En effet, pour Ridgeway, le pouvoir des familles BAMBAM qui contrôlent l'économie haïtienne n'a jamais été inquiété, voire analysé, dans la recherche d'une solution aux inégalités qui rongent le pays. 78% de la population vit avec moins de deux dollars par jour et 1% de la population possède près de la moitié des richesses nationales. Extrême richesse d'un côté, et dénuement complet, de l'autre. Des inégalités de revenus qui maintiennent la pauvreté absolue et bloquent toute croissance autocentrée en l'absence de tout pouvoir d'achat.

De l'occupation américaine à aujourd'hui, la douzaine de familles BAMBAM ont toujours su trouver des resquilleurs politiciens pour défendre leurs intérêts et faire passer tout changement dans les politiques fiscales, douanières, salariales, monétaires et économiques pour du chaos. Contrairement aux organisations populaires (OP) qui manifestent dans la rue, ce sont aujourd'hui ces resquilleurs qui sont à l'avant-garde pour crier contre tout chamboulement d'un ordre cannibale qui leur laisse des miettes politiques qu'ils savourent en étant fiers de leur stupidité. Le résultat est la crise avec, d'un côté, les privilèges qui se collectionnent et de l'autre, les aigreurs qui s'accumulent.

Les hirondelles de la justice de la Cour d'Appel annoncent la nouvelle saison. Les soubresauts de la rue sont le résultat du cortège de nouveaux désespoirs que les Tèt Kale ont amené au pays. Ces soubresauts sont la porte ouverte à des changements réels. La justice doit triompher contre les « bandits légaux ». L'initiative des juges de la Cour d'Appel confirmant la décision du juge Jean Serge Joseph est un pas dans la bonne direction. Elle est appelée à déboucher sur de profondes réformes de structure en s'attaquant à l'impunité au sommet de l'État. Elle permettra de créer le climat de confiance indispensable à la mobilisation des énergies pour sortir Haïti du trou où elle git. La vérité révélée du « terrain » exige la mobilisation générale et illimitée sous la forme de protestations à travers le pays. Le coupable est Michel Martelly et il doit être puni immédiatement. La remontée de la vérité ne peut se faire avec les voyous qui ont donné au chaos haïtien de nouveaux sommets. Les jeunes fascistes au pouvoir doivent partir.

Enfin, ce n'est pas en donnant la haute main à des lobbyistes payés deux millions de dollars américains pour quelques mois qu'une solution sera trouvée à l'impasse actuelle. On ne va récolter que l'échec, tout comme Tony Blair, ancien premier ministre britannique, l'a récolté en Egypte en appuyant le mouvement de la rue contre Morsi et les frères musulmans qui avaient renversé le gouvernement de Hosni Moubarak. Tony Blair reconnaît d'ailleurs que la communauté internationale a une connaissance pauvre et élusive de la situation des pays en développement (7). Il reconnaît qu'on ne peut pas continuer à hisser au pouvoir des idiots et s'attendre à ce qu'ils se comportent comme des savants. Toutefois, Tony Blair continue de faire son beurre avec des contrats mirifiques pour promouvoir des gouvernements honnis par leur population. En Haïti, il n'y a aucune raison pour que le mouvement de la rue s'arrête. Le peuple haïtien doit continuer à manifester son mécontentement. Une solution radicale s'impose : le gouvernement des bandits doit partir. Les fonds détournés doivent absolument être récupérés par l'État haïtien. La défaite du droit est toujours temporaire et les criminels doivent être jugés.

(1) Hugues Saint-Fort, « L'écrivain et le président », Potomitan, 17 juin 2012.
(2) Rafael Lucas, « L'esthétique de la dégradation dans la littérature haïtienne », Université de Bordeaux III, Revue de littérature comparée 2/2002, numéro 302.
(3) Anthony Phelps, « Non Merci », Le Nouvelliste, 15 juin 2012.
(4) Robert Berrouèt-Oriol, « De l'omertàà la défaite de la pensée critique : retour sur " la geste " d'Anthony Phelps », Alterpresse, 30 juin 2012.
(5) Loi Constitutionnelle portant Amendement de la Constitution de 1987 (reproduction pour erreurs matérielles), Le Moniteur, Numéro Extraordinaire, mardi 19 juin 2012, p. 14.
(6) James Ridgeway, The Haiti Files : Decoding the Crisis, ‪Azul Editions‬, 1994, p. 30.
(7) Sarah Ellison, « The which Blair Project », Vanity Fair, January 2015, p. 103.

Le Nécessaire Triomphe de La Justice - 2ème Partie


Nomination du citoyen Evans Paul comme nouveau Premier ministre

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Port-au-Prince, Jeudi 25 Décembre 2014 :

Le Secrétariat Général de la Présidence informe la population haïtienne que, le Président de la République, Son Excellence Michel Joseph MARTELLY, conformément à la Constitution et après consultation avec les Présidents du Sénat et de la Chambre des députés, a nommé, par Arrêté présidentiel, en date du 25 Décembre 2014, le citoyen Evans PAUL, Premier ministre, aux fins de former un nouveau gouvernement, par suite de la démission du Premier ministre Laurent LAMOTHE et de son gouvernement.

- FIN-

ARCHIVES - Janvier 2014 : Transformation du MOPOD : Réactions de Evans Paul sur l'absence du KID du regroupement :

Kiskeya désormais disponible au Canada via AudioNow

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Bonjour à tous,

Il nous fait plaisir d'annoncer qu'AudioNow introduit une nouvelle ligne pour écouter Kiskeya au CANADA. Kiskeya est désormais disponible localement via téléphone àMontréal au (438)795-4290.

Cette ligne offrira les mêmes fonctionnalités déjà disponibles sur les lignes américaines (712)432-7885, françaises 01.80.14.14.71 et dominicaines (849)936-7134.

AudioNow et Kiskeya travaillent de concert pour rapprocher les communautés Haïtiennes dans le monde.

Cordialement,

Harold Isaac
Services Numériques Kiskeya

Communiqué d'AudioNow en Anglais :
http://www.audionow.com/audionow-announces-mobile-distribution-canada-support-haitian-diaspora-2/

Accord Tripartite du 29 décembre 2014

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ACCORD TRIPARTITE DU 29 DÉCEMBRE 2014
ENTRE LES REPRÉSENTANTS DES TROIS (3) GRANDS POUVOIRS DE L'ÉTAT AUTOUR DE LA CRISE PRÉÉLECTORALE.

LES REPRÉSENTANTS DES TROIS (3) POUVOIRS DE L'ÉTAT :
MICHEL JOSEPH MARTELLY, AGISSANT TANT EN SA QUALITÉ DE CHEF DE L'ÉTAT QUE COMME CHEF DU POUVOIR TIF, REPRÉSENTANT LE POUVOIR EXÉCUTIF ;

SIMON DIEUSEUL DESRAS ET JACQUES STEVENSON THIMOLÉON, RESPECTIVEMENT PRÉSIDENT DU SÉNAT ET PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS, REPRÉSENTANTS LE POUVOIR LÉGISLATIF ;

ANEL ALEXIS JOSEPH, AGISSANT TANT EN SA QUALITÉ DE PRÉSIDENT DE LA COUR DE CASSATION QUE COMME PRÉSIDENT DU CONSEIL SUPÉRIEUR DU POUVOIR JUDICIAIRE, REPRÉSENTANT LE POUVOIR JUDICIAIRE ;

Animés par la volonté de tout mettre en oeuvre pour garantir la confiance dans les institutions en assurant leur bon fonctionnement, dans l'ordre et la discipline et dans le respect de la Constitution et des lois de la République ;

Conscients que la situation politique actuelle a provoqué des retards successifs dans l'organisation des élections pour le renouvellement des mandats arrivés a terme des élus des collectivités territoriales, de la Chambre des Députés et du Sénat de la République, suivant le vœu des articles 63, 66, 68, 90.1, 92, 92.1, 92.3, 94.2. 95, 95.3 de la Constitution ;

Considérant que les acteurs politiques peuvent recourir à des accords ou conclure des pactes pour sortir le pays de toute éventuelle crise conjoncturelle :

Prenant acte de la mission du Premier ministre et des membres du Gouvernement :

ONT DE BONNE FOI ARRÊTÉ ET CONVENU CE QUI SUIT :

Le Chef de l'État nomme le Premier ministre après consultation avec le Président du Sénat et celui de la Chambre des Députés. Un gouvernement de consensus sera formé avec la participation des secteurs politiques de l'Opposition, de personnalités haïtiennes connues pour leur patriotisme, leur sens civique, leur droiture et leur intégrité, capables d'inspirer confiance à tous les acteurs politiques en général et à ceux participant au processus électoral en particulier ;

Le Chef de l'État, conformément aux articles 101 et 105 de la Constitution, convoque le Corps Législatif à l'extraordinaire aux fins de :

2.1. Voter les amendements a la loi électorale avant le 12 janvier 2015 ;

2.2. Ratifier la déclaration de politique générale du Gouvernement de consensus issu des négociations avant le 12 janvier 2015 ;

2.3. Voter tout budget rectificatif ;

2.4. Ratifier les instruments et accords internationaux et voter tous proiets de loi mentionnés dans le menu de la convocation. notamment le projet de loi créant et organisant le fonds national de l'éducation ;

2.5. Analyser et vérifier les rapports de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) de tous Grands Commis de l'État ayant sollicité décharge de leur gestion auprès du Parlement ;

2,6. Exprimer et déclarer la nécessité de concourir à un amendement constitutionnel.

Le Chef de l'État reconstitue le Conseil Electoral Provisoire en s'inspirant de l'esprit de l'article 289 de la Constitution en vue d'organiser les prochaines élections législatives et locales.

Les délais relatifs aux formalités diverses seront exceptionnellement réduits dans les dispositions transitoires de la loi électorale en vue de permettre la réalisations des élections législatives de l'année 2015 dans les meilleurs délais ; le Conseil Électoral Provisoire devant s'engager à organiser ces élections dans un délai ne dépassant pas cent vingt jours (120) à compter de leur date d'installation prévue pour janvier 2015.

Au deuxième Lundi de ianvier deux mille quinze (2015), les parlementaires dont les mandats arrivent à terme pourront continuer exercer leurs fonctions jusqu'à terminer quatre (4) années pour les députés. soit le vingt-quatre (24) avril deux mille quinze (2015) et six (6) années révolues pour les sénateurs soit jusqu'au neuf (9) septembre 2015, moyennant que cette clause soit entérinée dans la loi électorale avant le 12 janvier 2015. Dans le cas où les élections pour leurs remplaçants se tiendraient avant les dates correspondantes, leur mandat prend fin à l'entrée en fonction des nouveaux élus.

Une fois les amendements votés et transmis, le Chef de I'État s'assurera de leur publication conformément à la Constitution, ce, au plus tard le 12 janvier 2015.

Le non-respect de l'une des clauses contenues dans le présent accord entraine son invalidité avec toutes les conséquences de droit. Le Président de la République, Chef de l'État, veillera à la stabilité des institutions, assurera le fonctionnement des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État, conformément à la Constitution.

Le présent Accord sera signé, scellé par les partis et publié dans un numéro spécial du Journal Officiel de la République Le Moniteur pour être exécuté par les signataires, chacun en ce qui le concerne.

Fait à Port-au-Prince, le vingt-neuf (29) décembre deux mille quatorze (2014), An deux cent onzième (211ème) de l'Indépendance.

SUIVENT LES SIGNATURES :

Pour le Pouvoir Exécutif :
Michel Joseph Martelly

Pour le Pouvoir Legislatif :
Simon Dieuseul Desras et Jacques Stevenson Thimoléon

Pour le Pouvoir Judiciaire :
Anel Alexis Joseph

Accord Tripartite Signé

Réaction du Premier Ministre choisi, Evans Paul, à la signature de l'Accord Tripartite :

Accord Tripartite : Le sénateur Pierre Francky Exius déclare que le groupe des 6 n'approuve pas :

Le Sénateur Andrys Riché n'est pas en faveur de la prolongation du mandat des parlementaires :

Accord Tripartite : Le Député Joseph Wilbert Deshommes salue l'accord mais :

65 parlementaires américains en faveur d'une réparation aux victimes du choléra en Haïti

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Soixante-cinq (65) parlementaires américains demandent officiellement à l'ONU de mettre en place un mécanisme de prise en compte et de règlement des demandes de réparation des parents des plus de huit mille cinq cents (8,500) victimes haïtiennes du choléra et des sept cent mille autres (700,000) qui en ont été affectées.

Dans une lettre ouverte adressée le 18 décembre dernier au secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki moon, les parlementaires américains relèvent qu'en dépit des évidences concernant la propagation du choléra en Haïti par des agents de l'ONU, l'organisation mondiale n'a jamais accepté d'en assumer la responsabilité.

Ils mettent en relief les études et les rapports élaborés, même par des experts de l'ONU, qui établissent clairement que ce sont des agents des Nations Unies qui ont introduit la maladie en Haïti. Avec certains d'entre eux, les parlementaires US expriment leur préoccupation que l'ONU ne respecte point ses propres standards en matière de droits humains et que le cas d'Haïti ne soit pas un mauvais précédent pour d'autres pays où les Nations Unies interviennent.

Les parlementaires américains estiment que les engagements non négligeables de l'ONU en faveur de l'eau potable et de l'assainissement en Haïti ne la dispense pas pour autant d'assumer ses responsabilités vis-à-vis des victimes du choléra. Ils se réfèrent aux termes de référence de l'accord signé entre l'ONU et Haïti pour le déploiement de la mission internationale dans le pays qui lui font justement obligation de prendre en compte les plaintes civiles relatives aux violations éventuellement perpétrées par les membres de celle-ci. .

A noter que le gouvernement haïtien n'a jamais formellement rendu la mission de l'ONU en Haïti responsable de l'introduction du choléra dans le pays. L'ex-premier ministre Laurent Lamothe avait seulement déclaré que les Nations Unies ont la responsabilité morale d'aider Haïti à faire face à l'épidémie. [jmd/RK]

65 parlementaires américains en faveur d'une réparation aux victimes du choléra en Haïti

Appel de Michel Martelly au consensus

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Commémoration officielle aux Gonaïves et à Port-au-Prince des Jours de l'Indépendance et des Aïeux, les 1er et 2 janvier 2015 : le président Martelly a appelé au dialogue et au consensus en vue de la pleine réussite de l'année électorale qu'est 2015, selon ses propres termes.

Commémoration officielle à Port-au-Prince des Jours de l'Indépendance et des Aïeux :

- Le premier ministre nommé, Evans Paul, a déclaréà l'issue de la cérémonie du 2 janvier, qu'il poursuit les consultations avec le chef de l'Etat autour de la formation du gouvernement. Sur les chances de ratification de sa déclaration de politique générale au parlement, M. Paul déclare qu'il assume ses responsabilités en tant que citoyen en espérant que les parlementaires en assumeront les leurs. [RK]

Evans Paul déclare poursuivre les consultations autour de la formation du gouvernement :

Au moins 2 blessés dans la manifestation anti-gouvernementale du 1er janvier, à Port-au-Prince

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Au moins deux blessés, un par balle et l'autre par une grenade lacrymogène, lors de la manifestation du 1er janvier de l'opposition à Port-au-Prince ayant rassemblé des milliers de personnes. Plusieurs dirigeants de l'opposition ont protesté contre les brutalités exercées sans motif selon eux par les policiers, notamment de la CIMO.

- Des manifestants qui avaient accompagné l'un des blessés à l'HUEH, ont protesté sur place contre le manque de soins à leur camarade. [RK]

Convocation à l'extraordinaire du parlement

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Le corps législatif est convoquéà l'extraordinaire par le Chef de l'Etat : les députés et les sénateurs devront se réunir en assemblée nationale ce lundi pour procéder à l'ouverture de la session extraordinaire, annonce un communiqué signé du président de l'Assemblée nationale (quand les 2 branches du parlement se réunissent), le sénateur Simon Dieuseul Desras. [RK].

- Actualité

Incursion belliqueuse d'un navire militaire dominicain dans les eaux haïtiennes : protestations à Anse-à-Pitres (Sud-Est)

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Tension depuis le 1er janvier dans la zone d'Anse-à-Pitres où des membres de la population ont entamé un mouvement de protestation contre l'intervention dans les eaux haïtiennes d'un navire de la marine militaire dominicaine venu procéder à l'arrestation de 4 pêcheurs haïtiens. Deux ressortissants dominicains ont été de ce fait retenus par les haïtiens en colère.

Les militaires dominicains ont tiré des coups de semonces auxquels les haïtiens ont riposté par des jets de pierres.

L'agent exécutif intérimaire en charge de la Mairie de la commune, Guirlène Daphnis, et un responsable régional du GARR, Kelerman Jean Jasmin, appellent à l'intervention urgente des autorités centrales. [RK]

Echec, faute de quorum au niveau des deux branches du Parlement, de la séance en Assemblée Nationale

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Echec, faute de quorum au niveau des deux branches du parlement, de la séance en assemblée nationale qui devait marquer hier l'ouverture de la session à l'extraordinaire convoquée par le Chef de l'Etat. 70 députés et 13 sénateurs.

Moise Jean Charles (Nord), Westner Polycarpe (Nord), John Joel Joseph (Ouest), Steven Benoit (Ouest), Carlos Lebon (Sud), Pierre Francky Exius (Sud), Jean-Baptiste Bien-Aimé (Nord-Est) ont brillé par leur absence.

La séance est renvoyée à demain. Le président de l'assemblée nationale, Simon Dieuseul Desras, invite à une conférence des présidents de commissions ce mardi.

Le sénateur Westner Polycarpe explique son absence par la non légitimité du chef de l'Etat à convoquer le parlement .

Ses collègues Moise Jean Charles et Jean-Baptiste Bien-Aimé justifient également leur absence par les conditions irrégulières de la convocation, la non-définition d'un agenda législatif précis, la non-négociation avec les acteurs politiques et la façon dont le chef de l'Etat a nommé Evans Paul premier ministre.

Le sénateur des Nippes, Jocelerme Privert, estime que la séance n'avait pas été préparée. Il dénonce l'accord tripartite du 29 décembre et déclare par ailleurs qu'un nouveau premier ministre doit être nommé quand la déclaration de politique générale d'un premier ministre est rejetée par l'une quelconque des deux branches du parlement. [RK]

Echec, faute de quorum au niveau des deux branches du Parlement, de la séance en Assemblée Nationale :

Le Député Abel Descollines critique les sénateurs absents de la séance en Assemblée Nationale :

Le Député A. Rodon Bien-Aimé critique les sénateurs absents de la séance en Assemblée Nationale :

L'occupation américaine et les Volontaires de la Servitude Nihiliste (VSN) [1 de 7], par Leslie Péan, 2 janvier 2015

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« La généralisation de la médiocrité a créé un courant nihiliste dans la classe politique qui revendique Tèt Kale l'absence de toute valeur, le triomphe du rien et des vauriens. »(p.2, quatrième partie du présent article)

Les manifestations de la multitude réclamant aujourd'hui la démission du président de la République sont l'illustration du refus de la situation de servitude à laquelle renvoient constamment les conditions de vie de la population haïtienne. Une situation de restavek qui, vers la fin de l'occupation américaine, a contraint des prétendus nationalistes à assouplir leur position en acceptant la continuité du contrôle financier de Washington. Cette servitude n'a servi à rien et est devenue franchement nihiliste à partir des premières élections frauduleuses organisées sous l'occupation en 1932. Le président Vincent inaugure alors le gouvernement de ce que le professeur Marcel Gilbert nomme « la classe politique de pouvoir d'État » qui réduit la politique uniquement à un gâteau à partager.

Les rapports entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif se circonscrivent depuis lors à des négociations permanentes qui ont pour objectif de donner à manger et à boire aux députés et sénateurs afin qu'ils votent au Parlement dans le sens voulu, au mépris des grandes questions nationales. Hormis de notables exceptions, l'arithmétique de la servitude politique se résume en un partage de postes au sein de l'administration publique. Fraîchement arrivés sur le terrain politique, les volontaires issus de certaines fractions des classes moyennes sont nombreux pour défendre leurs intérêts individuels qui sont dominants et exclusifs. Le pays navigue à vue pendant que ses enfants ne recherchent que des avantages personnels. Quant au pouvoir judiciaire, « le cas d'espèce en matière de corruption judiciaire demeure l'élimination de Joseph Jolibois fils, Président de la Chambre des Députés, de 1930 à 1932 (1). »

Compte tenu du faible niveau des ressources disponibles, l'État doit rétribuer les nouveaux venus de ces fractions des classes moyennes en pénalisant les traditionnels privilégiés. D'autant plus que ces nouveaux venus sont exigeants et demandent d'être bien rémunérés tout de suite. Comme c'est le cas aujourd'hui avec des postes de directeur de la douane à Saint-Marc ou de consul à Barahona ou à Miami dans une ambiance où la politique est réduite à un jeu de chaises musicales où le pouvoir et l'argent sont les seules motivations. Il importe d'ajouter les constantes actualisations de privilèges nécessaires pour fidéliser les parlementaires. Ce à quoi pensait le sénateur Émile Saint Lot en disant « je suis en politique pour faire de l'argent (2). » Ces constantes demandes expliquent, entre autres, qu'au cours des quatre dernières années le nombre de ministres soit passé de 18 à 24 et qu'au budget de l'année 2014-2015, les dépenses pour les employés publics affichent une progression de 70% par rapport à l'année 2010-2011.

La moulinette du modèle appliqué par le gouvernement des Tèt Kale donne des résultats cinglants. En dépit de la diminution de l'aide internationale, les actionnaires temporaires de l'État insistent pour augmenter leurs privilèges. Pour garder leur grosse part du gâteau. Pendant qu'Haïti joue perdant, les bandits légaux regagnent le terrain perdu depuis la fuite des Duvalier en 1986. On comprend pourquoi le budget de la Primature a presque triplé passant de 592 millions de gourdes à 1 milliard 480 millions de gourdes de 2010-2011 à 2014-2015, tandis que celui de la Présidence a doublé passant de 729 millions de gourdes à 1 milliard trois cent millions de gourdes pour la même période (3). Tant que ce syndrome, fruit d'un calcul politique à court terme, n'est pas détruit à la racine, aucun calcul économique à moyen terme n'est possible. Et aucune stabilité ne peut être trouvée de cette manière. D'où le cauchemar duvaliériste mis en œuvre par le président Préval avec le coup d'accélérateur du retour de Jean-Claude Duvalier en Haïti dans la plus grande impunité. L'incitation à récidiver étant ainsi consacrée, cette politique prendra des proportions scandaleuses avec le régime des Tèt Kale.

Le scénario catastrophe

Notre démarche s'inscrit dans la logique d'identification de la genèse du fléau explosif, de ce cancer qui ronge la classe politique haïtienne et qui bloque tout renouveau. La maladie s'est manifestée dès le début de l'occupation américaine. Elle se reproduit au ralenti (avec parfois une période de latence) un siècle plus tard avec l'arrivée massive sur la scène politique d'une génération qui ne sait même pas comment elle a été contaminée. L'écriture de ce scénario catastrophe commencée sous le président Sténio Vincent mérite d'être connue. C'est le seul moyen de le déprogrammer. Dans tous les cas, le système créé par cette maladie n'est pas rentable. Il ne peut dégager aucun bénéfice pour la nation, même après cent ans. La moindre analyse financière des comptes publics valide cette perspective. On est passé d'un État doté d'un budget de trois millions quatre cent mille dollars en 1916-1917 à un budget de 2 milliards et six cents millions de dollars en 2014-2015. Aucun wanga, aucun marc de café ne peut prétendre donner une solution aux problèmes que crée la conception de l'État comme mangeoire collective.

La redéfinition de la convivialité entre d'une part l'État et le citoyen et d'autre part entre les citoyens eux-mêmes est absolument nécessaire. En effet, sans un changement dans les valeurs, visions et perceptions, on ne peut aboutir qu'au rétrécissement du savoir et à la prolifération de la crétinisation et de la pacotille. Mais pour redessiner la carte du vivre-ensemble, nous devons d'abord comprendre pourquoi Haïti a échoué. Sans cette compréhension, aucune cure de refondation n'est possible. En ce sens, le combat de David contre Goliath ne se situe pas uniquement sur le plan international. Il se situe au cœur de nous-mêmes, dans les contradictions qui ont conduit à l'assassinat de Dessalines en 1804. Mais aussi et surtout dans celles qui conduiront à l'assassinat de Joseph Jolibois fils, le plus grand leader nationaliste dans la lutte pour la libération d'Haïti. Après 18 arrestations sous l'occupation américaine, Joseph Jolibois fils a été arrêté le 24 août 1934 par les sbires de Vincent et est mort assassiné dans son cachot le 12 mai 1936. La presse n'a même pas osé parler de ses funérailles (4).

La sortie pour Haïti de ces cent ans de gouvernance d'occupation ne peut se faire en cédant aux vieux démons de la stratégie d'amélioration du mal, mais par une rupture avec le nivellement de la sujétion. En déplaçant le combat sur le front de la rupture, il importe de faire l'analyse des échecs en commençant, la tête froide, par nous regarder dans le miroir. Dans cette optique, Simone Goyard-Fabre fait une observation de taille à la fin de l‘introduction de 122 pages du Discours de la servitude volontaire écrit en 1548 par Étienne de La Boétie. Elle écrit : « La Boétie est cet "esprit libre" qui, l'un des premiers, a osé déclarer qu'il est grand temps de lever l'hypothèque par laquelle la tradition théologico-métaphysique et la féodalité médiévale — qui sont l'index de ce que l'on appellera bien plus tard les "totalitarismes"— avaient condamné les peuples non pas même à l'immobilisme, mais à une servitude nihiliste (5). » Je me suis inspiré de ce texte pour aborder la question de l'occupation américaine et des conséquences qu'elle a eues sur notre peuple en nous transformant en ce que je nomme les Volontaires de la Servitude Nihiliste, des VSN, par analogie avec les Volontaires de la Sécurité Nationale de François et de Jean-Claude Duvalier. (à suivre)

(1) Leslie Péan, Haïti Économie politique de la corruption, Tome IV, L'ensauvagement macoute 1957-1990, Paris, Maisonneuve et Larose, 2007, p. 657.

(2) Lire "L'œil de Bellevue", les commentaires d'un Bellevuesard sur le texte de Leslie Péan, « Le mulâtrisme : la culture du silence » in Haïti Observateur, New York, 25 Octobre-1er novembre 1985.

(3) Jean-Marie Similien, « Budget 2014-2015, l'État reste caché», Le Nouvelliste, 8 août 2014.

(4) Joseph Jolibois Fils, La doctrine de Monroe et autres textes, C3Éditions, 2014.

(5) Etienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire, présentation et notes par Simone Goyard-Fabre, Paris, GF-Flammarion, 1983, p 121-122.

Le 12 Janvier 2015 déclaré journée de commémoration et de réflexion à la mémoire des victimes du séisme de 2010

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Le Bureau de Communication de la Présidence informe la population en général et la presse en particulier que, par arrêté en date du 6 Janvier, le lundi 12 Janvier 2015 est déclaré journée de commémoration et de réflexion dédiée à la mémoire des victimes de la catastrophe provoquée par le tremblement de terre ayant dévasté le pays le 12 Janvier 2010.

Durant cette journée, le drapeau national sera mis en berne, les discothèques et autres établissements assimilés resteront fermés, et les stations de radio et de télévision sont invitées à programmer des émissions et de la musique de circonstance. [Bureau de Communication de la Présidence]

L'occupation américaine et les Volontaires de la Servitude Nihiliste (VSN) [2 de 7], par Leslie Péan, 2 janvier 2015

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« La généralisation de la médiocrité a créé un courant nihiliste dans la classe politique qui revendique Tèt Kale l'absence de toute valeur, le triomphe du rien et des vauriens. » (p.2, quatrième partie du présent article)

Je voudrais souligner d'entrée de jeu que l'occupation américaine, ses causes et ses conséquences, est un sujet trop souvent négligé dans l'analyse de nos malheurs. Au moment où tout indique que le pays s'achemine vers un durcissement de la énième occupation en un siècle, il importe de procéder sans complaisance à un état des lieux aussi complet que possible.

Les gabegies de nos aïeux et de nos pères qui ont saccagé ce pays, sabres en l'air et toutes dents dehors, sont généralement admises comme la cause fondamentale de notre déchéance sanguinolente. De son exil à Saint Thomas en 1911, Anténor Firmin se devait d'écrire : « Homme, je puis disparaître, sans voir poindre à l'horizon national l'aurore d'un jour meilleur. Cependant, même après ma mort, il faudra de deux choses l'une : ou Haïti passe sous une domination étrangère, ou elle adopte résolument les principes au nom desquels j'ai toujours lutté et combattu. Car, au XXe siècle, et dans l'hémisphère occidental, aucun peuple ne peut vivre indéfiniment sous la tyrannie, dans l'injustice, l'ignorance et la misère (1). »

L'ordre de la dette

La mauvaise gestion financière de l'État consacrée dans la contrebande et la fiscalité exploiteuse de la paysannerie s'est démultipliée avec la dette de l'indépendance qui a drainé vers l'extérieur, à partir de 1825, une partie significative des ressources nationales. Le système d'endettement mis en place a donné naissance aux emprunts extérieurs de 1825, 1875, 1896 et 1910 qui on eu des effets dévastateurs sur le plan intérieur en poussant les taux d'intérêt à des niveaux scandaleux. Sur ce sujet, une ignorance sans limites a été soutenue et maintenue. Comme l'a écrit en 1935 Constantin Mayard, alors envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire d'Haïti à Paris : À la conclusion de la paix avec son ancienne métropole, le pays dut s'engager à payer aux colons émigrés une indemnitéénorme, évaluée sur la base de son opulence passée et, partant, en disproportion avec ses forces actives. C'est là le boulet qu'a trainé Haïti et qui a entravé sa marche en avant durant tout le cours de son histoire. Pour effectuer les premiers versements de cette dette si lourde, les Haïtiens durent recourir à une série d'opérations de crédit en France, suivant des taux et des conditions effroyables d'ailleurs, et dont le service des annuités régulièrement fait draina d'année en année toute l'épargne nationale au dehors (2). »

Cet ordre ancien de la double dette s'installe en se donnant un pouvoir éternel. Tous les emprunts extérieurs contractés depuis l'emprunt de 30 millions de 1825 pour payer le premier versement de la dette de l'indépendance de 150 millions de francs sont garantis par de nouvelles taxes sur le café, donc sur les paysans. Ces emprunts extérieurs sont la source d'une corruption sans précédent. Par exemple, de l'emprunt de 1910 qui était de 65 millions de francs, l'État haïtien ne reçut que 40 millions de francs. La différence de 25 millions de francs a été répartie en commissions et pots-de-vin entre de nombreux intermédiaires français et haïtiens. Les autres emprunts connaissent le même sort.

Des commerçants allemands prêtaient au gouvernement de l'argent à des taux d'intérêt élevés. Ces pratiques financières insensées sont des embryons qui se développent avec les opérations de gangstérisme montées à partir du taux d'émission (3) des emprunts intérieurs. En effet, « la gabegie financière conduit l'État haïtien à contracter des emprunts intérieurs, tels que ceux de 674 000 dollars américains en 1911 au taux d'émission de 81 %, de 609 000 dollars en 1913 au taux d'émission de 78.8 %, de 712 000 dollars en 1914 au taux d'émission de 60 %, et de 525 000 dollars au taux d'émission de 56 %. (4) » Et c'est avec un mélange d'étonnement et d'impuissance que le peule haïtien assiste aux opérations scabreuses de Roger Farnham, président de la National City Bank de New-York, de la Banque Nationale de la République d'Haïti, et du chemin de fer haïtien. Au fait Roger Farnham dicte la politique du Département d'État américain en ce qui concerne Haïti (5).

La spirale infernale du sous-développement chronique

Au fait, la National City Bank de New-York est venue consolider les positions américaines dans l'économie haïtienne. Les Américains contrôlaient déjà le wharf de Port-au-Prince, le chemin de fer national, la compagnie électrique, la compagnie de chemins de fer de la plaine du Cul de sac, etc. Avec l'acquisition par les Américains de 40% du capital de la Banque Nationale de la République d'Haïti, les financiers américains contrôlent l'État haïtien. Comme le souligne l'économiste Alain Turnier, « la banque se révèle un « véritable cheval de Troie dont le ventre abritait des engins redoutables : le privilège exclusif de financement budgétaire dans un pays souvent livréà l'anarchie souvent ruineuse des révolutions ; l'institution devint en peu de temps l'instrument efficace de la volonté américaine de domination et de conquête (6) …»

L'économiste écossais David Hume disait : « Il faut, en effet, ou que la nation détruise le crédit public, ou que le crédit public détruise la nation (7). » Dans le cas d'Haïti, le crédit public a détruit la nation. En effet, la progression exponentielle de la dette publique commencée avec la dette de l'indépendance de 1825 est à la racine des malheurs du pays. Haïti est devenue un pays surendetté et mal géré avec des créanciers étrangers, en grande partie des commerçants, qui dictent à l'État ses moindres décisions. Le gouvernement haïtien était en banqueroute et ne pouvait même pas payer ses employés. Avec la spirale infernale des taux d'intérêt faramineux et des déficits budgétaires continuels, les gouvernements haïtiens ont été contraints de contracter emprunts sur emprunts. Ainsi s'expliquent les créances nouvelles de 1875, 1896 et 1910.

Les rentiers de la dette publique intérieure et extérieure se frottent les mains. Les banquiers américains serrent la corde au cou du gouvernement haïtien qui menace de sévir contre la Banque Nationale de la République d'Haïti contrôlée par les Américains. Louis Borno, ministre des Relations Extérieures du président Davilmar Théodore dit en clair : « Comme Haïti ne peut accepter de périr par la mauvaise foi et la cruauté de quelques banquiers, le gouvernement est obligé de prendre toutes les justes mesures nécessaires en pareil cas de force majeure, mesures employées dans les autres pays civilisés, moratorium, papier-monnaie et autres (8). » Ces pratiques avaient déjà donné lieu à la corruption massive qu'on trouve à l'origine du procès de la Consolidation dont une nouvelle édition s'impose en ce début de 2015.

Les Américains réagissent avec l'affaire du Machias. En effet, sans le moindre frisson d'angoisse, Roger Farnham fait débarquer les marines américains du Machias le 17 décembre 1914 pour s'approprier le stock d'or représentant 500 000 dollars qui était dans les chambres fortes de la Banque nationale d'Haïti. Le pays n'a alors aucun levier pour se prémunir contre l'effondrement de son économie provoqué par des causes externes (la guerre de 1914-1918) et des causes internes (instabilité politique avec cinq chefs d'État en quatre ans). Entretemps, les banquiers continuent de trainer les pieds pour émettre les billets de banque et faire des avances financières au gouvernement haïtien. Le président Davilmar Théodore essaie de s'en sortir en émettant le 22 janvier 1915 les fameux billets qui seront connus sous le nom de « Bons Da ». Ridiculisés par la population, les « Bons Da » s'échangeaient au taux de 50 gourdes pour un dollar. « Cette appellation renvoyait affectueusement aux deux premières lettres du nom du président Da mais aussi aux « fesses ». Un jeu de mots pour dire que c'était du papier bon pour s'essuyer les fesses ! (9) »

L'effet domino

Le 5 février 1915, soit deux jours après la cessation du contrat pour le service de la trésorerie avec la Banque, le président Théodore demande à Louis Borno, ministre des Relations Extérieures, de lui obtenir cinq mille dollars « quelles que soient les conditions » même à 50% immédiatement (10). Le gouvernement américain profite de cette situation pour renouveler sa demande que la gestion des finances haïtiennes lui soit confiée. Cinq ministres des finances se succèdent entre le 7 novembre 1914 et le 4 mars 1915. Les gouvernements impérialistes de l'Allemagne, de la France et des États-Unis utilisent systématiquement les pratiques interventionnistes pour défendre les intérêts des milieux d'affaires de leurs ressortissants.

En Haïti, « la politique de l'intolérance internationale se confond avec celle de la canonnière. Les Allemands débarqueront leurs marines du croiseur Bremen en Haïti en 1911 et du croiseur Karlsruhe en 1914, les Français débarqueront leurs soldats en 1915 du bateau de guerre Le Descartes …» (11). Le 19 juin 1915, cinquante marins français débarquent du croiseur français Le Descartes et rentrent au Cap-Haïtien pour défendre les asilés au consulat français et chasser les Cacos du général Rosalvo Bobo de la ville (12) quelques jours plu tard, soit le 1er juillet 1915. Immédiatement, les Américains arrivent au Cap-Haitien avec le croiseur Washington ayant à son bord 700 marines et 200 soldats d'infanterie de marine. C'est la deuxième visite du Washington au Cap-Haitien en six mois puisque l'amiral Caperton y était le 23 janvier 1915.

Entre le 3 et le 9 juillet 1915, l'intervention américaine dirigée par l'amiral Caperton (13) assisté des capitaines Beach et George Van Orden a pour objectif de ralentir sinon de mettre fin au cycle des « révolutions » des chefs Cacos. Les officiers américains contactent les Cacos de Rosalvo Bobo cantonnés à la Petite-Anse, à quelques kilomètres du Cap-Haïtien, et leur interdisent de rentrer dans la ville. Blancs allemands, Blancs français, Blancs américains débarquent, bref les Blancs débarquent pour parler comme l'historien Roger Gaillard. C'est l'effet domino. Les dommages réels ou imaginaires subis par les étrangers au cours des nombreuses insurrections servaient de prétextes à ces débarquements de Blancs pour faire payer les réclamations. Entre 1899 et 1916, les indemnités réclamées sont au nombre de 73 629 pour un montant proche de 40 millions de dollars américains (14). La strangulation de l'État haïtien par la finance internationale est complète. C'est la débâcle. (à suivre)

(1) Anténor Firmin, L'Effort dans le mal, (Porto Rico, 1911), Port-au-Prince, Éditions Panorama, 1962, p. 39.

(2) Constantin Mayard, Préface à Roger Houzel, La production et le commerce de la République d'Haïti, Paris, Librairie technique et économique,1935, p. X.

(3) Pour rappel, le taux d'émission correspond à la différence entre la valeur nominale d'un titre et son prix d'émission (obligation dont le prix d'émission est de 95 et qui sera remboursée à 100).

(4) Leslie Péan, L'État marron 1870-1915, Paris, Maisonneuve et Larose, 2005, p. 343.

(5) James Weldon Johnson, Self-determining Haiti – The American Occupation, The Nation, number 111, August 28, 1920.

(6) Alain Turnier, Les États-Unis et le marché haïtien, Washington, D.C., 1955, p. 252.

(7) David Hume, Essai sur le crédit public, dans Mélanges d'économie politique : Essais sur le commerce, le luxe, l'argent, l'intérêt de l'argent, les impôts, le crédit public, etc., Paris, Chez Guillaumin Libraires, 1847, p. 78.

(8) François Blancpain, Haïti et les États-Unis 1915-1934, Paris, L'Harmattan, 1999, p. 33.

(9) Leslie Péan, « Monnaie, économie et pouvoir en Haïti (troisième de quatre parties) », Alterpresse, 14 avril 2013

(10) François Blancpain, Haïti et les États-Unis 1915-1934, op. cit., p. 36.

(11) Leslie Péan, L'État marron 1870-1915, op. cit., p. 329.

(12) Hans Schmidt, The United States Occupation of Haiti, 1915-1934, New-Brunswick, Rutgers University Press, 1971, p. 58.

(13) Roger Gaillard, Les cent jours de Rosalvo Bobo, Port-au-Prince, Presses nationales, 1973, p. 34.

(14) Brenda Gayle Plummer, Haiti and the Great Powers, 1902-1915, Baton Rouge, Louisiana State University, 1988, p. 53.

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