La Communauté des Caraïbes (CARICOM) a vigoureusement condamné mardi, dans une résolution suspendant l'analyse de l'admission en son sein de la République dominicaine, l'arrêt du Tribunal constitutionnel de ce pays dénationalisant des dizaines de milliers de dominicains d'origine haïtienne.
Les Etats membres du Marché Commun Caribéen dénoncent la violation par la République Dominicaine de la décision adoptée en 2005 par la Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) relative aux pratiques d'immigration, en conformité avec les dispositions de la Convention interaméricaine sur les droits de l'homme par le gouvernement dominicain. La Communauté des Caraïbes fait remarquer que cette mesure viole également, par là, les obligations internationales prises par la République dominicaine.
Les Etats membres de la CARICOM réitèrent leur appel au gouvernement de la République dominicaine pour qu'il prenne, de toute urgence, les mesures politiques, législatives, judiciaires et administratives nécessaires pour remédier à la grave situation humanitaire que peut provoquer cette décision. La Communauté invite également les pays et les organisations régionales et continentales à prêter leur voix pour exhorter la République dominicaine à rectifier le tir.
La CARICOM félicite l'intervention du Venezuela en vue d'aider à résoudre le problème. Cependant, elle a décidé de revoir ses relations avec la République dominicaine. Aussi, suspend-elle l'examen de la requête dominicaine à intégrer la Communauté des Caraïbes. En outre, elle entend également reconsidérer ses relations à d'autres niveaux à savoir : la CARIFORUM, la CELAC et l'OEA.
D'un autre côté, la CARICOM soutient une visite de la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme en République Dominicaine et demande un avis consultatif de la Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme. La Communauté examinera également l'introduction d'une résolution à l'Assemblée Générale des Nations-Unies pour condamner la décision de la Cour Constitutionnelle dominicaine.
La CARICOM, qui fait de ce dossier sa plus grande priorité, demande à la communauté internationale de faire pression également sur le gouvernement dominicain pour qu'elle sursoie à l'application de cette décision attentatoire aux droits des personnes d'origine haïtienne nées en République dominicaine.
La Communauté subordonne la reprise de ses relations habituelles avec la République dominicaine à l'adoption, dans le plus bref délai, par cet Etat, de mesures crédibles et immédiates circonscrites dans le cadre d'un plan global pour résoudre le problème de la nationalité et les autres questions auxiliaires.
Le président Michel Joseph Martelly a participéà la session de la CARICOM à Trinidad and Tobago à l'issue de laquelle la résolution a été adoptée.
Cette résolution coïncide avec les violences sur des haïtiens dans le sud de la République dominicaine suivies de la déportation de plusieurs d'entre eux par l'armée et la police dominicaines. Le Groupe d'appui aux Réfugiés et Rapatriés (GARR) dresse un bilan provisoire de 4 haïtiens et de 2 dominicains tués lors des derniers incidents. [RK]