Le président Michel J. Martelly a, comme prévu mis fin dimanche à son mandat de 5 ans, en remettant l'écharpe présidentielle au président de l'assemblée nationale, conformément à l'accord intervenu samedi dernier entre l'Exécutif et le Législatif.
Dans son discours d'adieu, M. Martelly a mis l'accent sur les jalons qu'il dit avoir posés dans divers domaines et souhaité que son successeur parachève son œuvre. Assumant ses échecs, il a annoncéêtre toujours au service du pays, laissant entendre implicitement que sa carrière politique est loin d'avoir pris fin.
Appelant les forces politiques à une trêve, le président de l'Assemblée nationale, le sénateur Jocelerme Privert, a appelé ses pairs au travail et au dépassant, leur donnant du coup la garantie qu'ils exerceront leur mandat jusqu'à leur remplacement par de nouveaux élus, au fort de la controverse relative à la légitimité de nombre d'entre eux.
Des parlementaires ont diversement réagi au départ de Martelly et ont affirmé leur volontéà contribuer au plus vite à l'élection d'un président provisoire.
Dans les rues de la capitale, des partisans de l'opposition ont manifesté une nouvelle fois, certains contre l'accord intervenu entre l'Exécutif et le Législatif. Arrivés au Champ-de-mars, de nombreux manifestants ont démoli des stands érigés pour le carnaval, tentant même d'incendier quelques-uns d'entre eux. La police est intervenue pour rétablir la situation. On signale au moins deux blessés.
En province, notamment à Petit-Goave, des citoyens ont gagné les rues pour célébrer le départ de Martelly.
A Péguy Ville, aux abords de la résidence de M. Martelly, des partisans de ce dernier lui ont rendu hommage pendant quelques heures avant de se disperser.
Dans une première intervention dimanche soir depuis qu'il assume l'intérim à la tête de l'Exécutif, le premier ministre Evans Paul a appeléà mieux qu'une trêve mais plutôt à la fin de la mobilisation, s'offrant comme médiateur entre les différents protagonistes de la crise. Il a implicitement annoncé une entreprise imminente de concertation de la primature, condamnant les excès et les violences qu'ils viennent de l'opposition ou du pouvoir.
Le secrtaire général des Nations Unies, Ban Ki moon, salue le départ de M. Martelly et la gestion de la situation qui en découle par le parlement haitien. Différents gouvernements du CORE Group avaient déjà réagi positivement à l'accord intervenu samedi dernier entre l'Exécutif et le Législatif.
L'accord du 6 février entre l'Exécutif et le Législatif est officiellement rejeté par le G-8 selon un communiquéà ce sujet signé de Me Samuel Madistin. Un des conseillers du candidat Jude Célestin, l'ancien ministre Gérald Germain, souligne cependant que M. Célestin n'a pas encore réagi officiellement au document. Il ajoute que M. Célestin est favorable à toute solution qui peut empêcher au pays de sombrer dans la catastrophe.
Des organisations de la société civile, telles que le RNDDH et l'OCID, réagissent à l'accord du 6 février. Pierre Espérance du RNDDH déplore la faiblesse des partis politiques qui explique que ce soit l'Exécutif et le Législatif qui entreprennent de trouver une sortie de crise. Rosny Desroches de l'OCID croit que l'accord se rapproche de la Constitution en confiant à l'assemblée nationale le soin d'élire le président provisoire. [jmd/RK]