*Installation lundi par le premier ministre de facto Joseph Jouthe du nouveau directeur général a.i de la Police Nationale d'Haïti (PNH), Léon Charles, en remplacement de Rameau Normil.
La cérémonie s'est déroulée notamment en présence du ministre de la justice et de la sécurité publique, Me Rockefeller Vincent, du ministre de l'intérieur Audin Fils Bernadel, du secrétaire d'Etat à la sécurité publique Tacite Toussaint, de l'inspecteur général en chef de la PNH Hervé Julien, du directeur central de la police administrative, l'inspecteur général Berson Soljour et de plusieurs autres membres du haut commandement de la PNH.
Le président du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) a, dans son intervention, souligné que le changement était nécessaire à la tête de l'institution policière. La peur doit changer de camp, a-t-il dit, réaffirmant la volonté de son gouvernement de continuer à travailler à l'amélioration des conditions de travail des policiers.
Le budget de la PNH est passé de 11 à 16 milliards de gourdes de l'exercice 2019-2020 à celui qui a démarré le 1er octobre dernier, a rappelé le chef du gouvernement.
Joseph Jouthe invite le nouveau patron de la PNH, Léon Charles, à prendre des mesures de manière à permettre aux citoyens de vaquer en toute quiétude à leurs activités. Il évoque notamment les fêtes de fin d'année et affirme vouloir personnellement prendre part à certaines activités nocturnes réalisées généralement en cette période de l'année.
Le chef du gouvernement informe avoir appris que, de janvier à août, les bandits armés ont enlevé 124 personnes connues mais pour ce qui est des anonymes, 1270 l'ont été durant cette période, affirme Joseph Jouthe, qui reconnaît que le pays est à la merci des brigands.
Selon le porte-parole adjoint de la Police Nationale d'Haïti, l'inspecteur divisionnaire Garry Desrosiers, Léon Charles a été choisi comme directeur général a.i de la PNH le 12 novembre dernier.
Présentant son profil de ce dernier, il précise qu'il a déjà passé 29 ans dans l'administration publique, tantôt comme militaire, policier et cadre des ministères de la justice et des affaires étrangères.
Le nouveau DG de la PNH croit que le développement socio-économique du pays passe d'abord par la mobilisation des ressources dont il dispose, soutient Garry Desrosiers, ajoutant que M. Charles est en faveur de la création d'un centre de renseignement national et de l'élaboration d'un livre blanc de la sécurité du pays.
L'ancien ministre de la justice et de la sécurité publique, Michel Brunache, salue le retour de Léon Charles, à la tête de l'institution policière. L' ex-DG de la PNH, Rameau Normil, faisait face à toute sorte de difficulté pour accomplir sa mission, selon lui.
Il présente Léon Charles comme un homme compétent, tout en reconnaissant que la tâche qui l'attend est loin d'être facile.
Me Camille Leblanc, lui aussi ancien ministre de la justice et de la sécurité publique, s'interroge sur l'opportunité pour le président Jovenel Moise de changer aujourd'hui, le chef de l'institution policière alors qu'il ne lui reste que quelques mois au palais national, son mandat devant prendre fin le 7 février 2021, a-t-il rappelé.
C'est Léon Charles qui, rappelle-t-il, avait procédéà l'arrestation de l'ancien ministre de l'intérieur Jocelerme Privert, qui allait par la suite devenir président d'Haïti. Cette arrestation avait été effectuée à une heure irrégulière, soit avant 6 heures du matin, rappelle-t-il.
Il affirme qu'il attend à l'oeuvre le nouveau DG de la PNH, estimant que le gouvernement a fait appel à lui dans la perspective de la tenue éventuelle d'élections.
Le coordonnateur général du Syndicat de la Police Nationale d'Haïti (SPNH-17), l'inspecteur divisionnaire Jean Elder Lundi, dresse un bilan négatif du passage de Rameau Normil à la tête de la PNH tout en dénonçant les modalités de la nomination du nouveau patron de l'institution policière.
Le nouveau DG aurait dûêtre réintégré au sein de la PNH avant d'en prendre les commandes, a souligné l'officier de police, ajoutant qu'on aurait dûélucider les circonstances de son remplacement en 2005.
L'activiste Rosemond Jean avait accusé l'ancien patron de la PNH d'avoir détourné environ un demi-million de dollars US de la coopérative CEI, a rappelé Jean Elder Lundi.
L'ancien secrétaire d'Etat à la Sécurité Publique, l'ex-colonel Himmler Rébu, estime que le changement de commandement à la tête de la PNH participe d'un plan du gouvernement.
Il estime que Rameau Normil était un homme intègre et compétent. Pour l'ancien colonel des Forces Armées d'Haïti, c'est la politique de sécurité publique du pays qu'il faudra remettre en question.
La responsable de la commission épiscopale Justice et Paix (JILAP), Jocelyne Colas Noel, s'interroge sur les résultats que pourrait éventuellement apporter ce changement à la tête de la PNH.
La militante des droits humains souligne, toutefois, qu'aucun directeur général ne pourra donner les résultats escomptés s'il n'a pas les moyens de sa politique.
*La direction politique de l'opposition démocratique a de nouveau dénoncé, lundi, la gestion du président Jovenel Moïse, arguant que la plupart des actions qu'il a entreprises sont contre les intérêts de la population.
L'ancienne sénatrice Edmonde Supplice Beauzile, déplore notamment que le président Moïse n'ait jamais organisé des élections dans le pays près de quatre ans après sa prise de fonction.
L'ex-parlementaire dénonce également l'affaiblissement des institutions de lutte contre la corruption dont l'ULCC et l'UCREF ainsi que la mise sur pied de la fédération des gangs armés dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.
Pour sa part, le sénateur Nènèl Cassy a vivement critiqué le président Jovenel Moïse pour ses velléités de changer la constitution en dehors, dit-il, des principes établis.
L'ex-sénateur encourage la population à participer en masse à la manifestation annoncée pour le mercredi 18 novembre.
Même s'il a été démis de ses fonctions, l'ex-directeur général de la PNH, Rameau Normal, aura à répondre de ses actes, a souligné Nènel Cassy.
Pour ce qui est du parcours de la manifestation du 18 novembre, l'ancien sénateur Sorel Jacinthe soutient qu'elle aura plusieurs points de départ et prendra fin devant le palais national, au Champ-de-Mars.
Il encourage, lui aussi la population à participer massivement à cette manifestation et plaide en faveur du départ du président Jovenel Moïse au plus tard le 7 février 2021.
Le sénateur Youri Latortue affirme qu'il n'y a aucune garantie que le changement de commandement à la PNH apportera les résultats escomptés, arguant que l'Exécutif a toujours le contrôle des gangs armés.
Les bandits sont aujourd'hui plus efficaces que les forces de l'ordre, soutient Youri Latortue. Il informe qu'une plainte sera sous peu déposée contre l'ancien directeur général de la PNH, Rameau Normil, pour son implication dans les massacres perpétrés par le régime Tèt Kale.
*Le collectif « Ensemble Contre la Corruption'' (ECC) a rendu une visite de solidarité lundi aux membres de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA).
Les membres du tribunal administratif en ont profité pour réaffirmer leur volonté de continuer à faire leur travail en dépit du décret présidentiel restreignant les pouvoirs de la cour, a rapporté le responsable du CONHANE, Édouard Paultre.
Le responsable du Centre d'Analyse et de Recherche en Droits Humains (CARDH), Me Gédéon Jean, qui abonde dans le même sens, souligne que le décret du 6 novembre ne pourra en rien paralyser le travail du tribunal administratif.
*Le Bureau des Avocats Internationaux (BAI) et l'organisation dénommée « Konbit Oganizasyon Politik ak Sendikal ak Popilè yo », de concert avec le MOLEGAF, confirment leur participation à la manifestation du 18 novembre.
Les responsables du BAI, Me Mario Joseph et de Konbit, Josué Mérlien, ont dénoncé des tentatives des proches du président Jovenel Moïse qui cherchent à faire échec au mouvement notamment en alimentant des controverses autour du parcours de la manifestation.
Pour sa part, le responsable du MOLEGHAF, Domini Raisin, invite la population à prendre part activement à la manifestation du 18 novembre. Il a par ailleurs dénoncé les massacres dans les quartiers populaires.
*L'organisation socio-politique Viv Ayiti dénonce la nomination du nouveau DG de la PNH et confirme sa participation à la manifestation du 18 novembre.
Rony Timothée et Lesly Fareau soutiennent que M. Charles n'avait pas laissé un bon souvenir de son 1er passage à la tête de l'institution policière.
Ces militants accusent M. Charles de responsabilités dans les exactions dont les habitants des quartiers populaires ont été victimes lorsque M. Charles dirigeait pour la première fois l'institution policière.
Par ailleurs, Rony Timothée estime que les révélations du président Jovenel Moïse autour de la vidéo du corps ensanglanté du bâtonnier Monferrier Dorval juste après son assassinat, confirment sa responsabilité dans ce crime.
Le coordonnateur de Viv Ayiti, Biron Odigé, dénonce la persistance de l'insécurité dans le pays.